Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/209

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l’abandon où le commandement les laisse[1]. L’intrépide Georges, lui-même, déclare qu’il ne peut ni ne veut attaquer ; que ses hommes ne se battront pas ; que, pour lui, il se reproche d’avoir été un des chefs qui ont protégé cette descente ; qui ne tend à rien moins qu’à faire écraser tout le parti par le système destructeur que l’on a adopté. Les Chouans finissent cependant par se rendre aux exhortations. Ils se laissent toucher par l’imminence des dangers qui menacent les malheureuses populations fuyant éperdues devant les colonnes mobiles des Bleus.


« Plusieurs de ces colonnes, — dit un contemporain, — épouvantèrent le pays par les excès auxquels elles se livraient, l’une surtout, celle de M. C… acquit en ce genre une horrible célébrité. Non seulement les fermes étaient pillées, mais on incendia, on massacra des vieillards, des femmes, des enfants, sous prétexte que les adultes et les jeunes hommes s’étaient insurgés[2]. Tout ce qui pouvait échapper au massacre fuyait vers la côte, emportant tout ce qui avait échappé au pillage. Cette malheureuse population, au nombre de près de dix mille individus, s’était réfugiée

  1. « Je connaissais, — dit-il, — la disposition et le mécontentement des troupes royalistes, et dis que j’aimais mieux être traduit à un conseil de guerre, que d’obéir à des dispositions et à des ordres dont il résultait de toute évidence que les gentilshommes et les fidèles Bretons que je commandais, allaient tous être égorgés ou noyés dans trois heures » (Mémoires de Vauban, p. 92).
  2. Un témoignage dont la valeur sur ce point ne saurait être récusée, est celui de Hoche. Dans un grand nombre de ses lettres, il a parlé des excès commis par les troupes républicaines, dans des termes d’une énergie et d’une précision remarquables. On en trouvera quelques extraits, Append. n° 14.