Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à Sainte-Barbe, sous la protection de Georges Cadoudal. Aussitôt que la retraite commença, elle se précipita tumultueusement vers la falaise, chargée de bagages ; chacun emportant ce qu’il pouvait, jusqu’à des meubles de peu de valeur, parce que tout est précieux pour le pauvre. Les cris de ces malheureux, mêlés aux vagissements de leurs bestiaux augmentaient la confusion. Les habitants de Plouharnel fuyaient aussi par le gué de Saint-Guenel et par la chaussée du moulin de Bégo. Il y avait encombrement sur tous les passages, c’était à qui devancerait la dernière colonne ; mais, pour leur donner le temps de s’écouler, le bataillon d’Auray, avec son commandant, M. Glain, s’était placé au moulin à vent de Kergonan, en avant des positions que l’armée venait de quitter entre Sainte-Barbe et Plouharnel. Il occupait le moulin et s’abritait de quelques murailles de clôture. Là, ces braves gens arrêtèrent la colonne républicaine pendant plus de deux heures, sauvant ainsi la vie à un grand nombre de leurs compatriotes[1]. »


Cadoudal, de loin, s’aperçoit que ce brave bataillon est tourné ; il revient sur ses pas au bord de l’étang, à Kersivienne, pour l’attendre et le protéger, les royalistes parviennent à s’échapper en se jetant dans le gué, dont les fonds leur sont connus et où les républicains n’osent s’aventurer. Il reste à peine à Cadoudal lui-même le temps de se rallier à l’arrière-garde dont il fait partie, car Hoche débouche à cet instant sur la falaise avec quatre mille hommes d’infanterie, appuyés de cavalerie et d’artillerie. L’arrière-

  1. Relation de Chasle de La Touche, p. 41.