Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/220

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émulation à diriger plusieurs dispositions contradictoirement, excluant l’ordre et l’ensemble des opérations, qui ont, avec les désirs les plus purs, souvent nui à la bonne cause[1].

» Quoi qu’il en soit, le chevalier de Tintiniac n’eut pas le temps de motiver son refus aux invitations de Mmes Boishardy et Guernisac, le bruit d’une fusillade

  1. M. de Villeneuve avoue que tout cela est incompréhensible. Dans son zèle, il propose pourtant une solution du « problème », mais il ne s’aperçoit pas que cette solution laisse à résoudre un autre problème qui se pose par suite de cette solution même. Comment expliquer que Louis XVIII, parvenu au trône, ait réservé ses faveurs et ses récompenses à « ces volontés dissidentes » qui avaient « sanctionné leurs dispositions par son nom auguste » pour aboutir au désastre de Quiberon, et ait tenu rigoureusement en disgrâce tous ceux qui, comme Puisaye, Vauban et autres, avaient préparé ou loyalement secondé l’expédition dont le succès était assuré sans la perfide, ou tout au moins malencontreuse, intervention de ces faux ordres ?
    Autre remarque. — Il n’est pas douteux que tous ces faux ordres étaient donnés sous l’autorité du personnage qui se faisait appeler Louis XVIII ; mais Tinténiac les acceptait-il sous ce nom ? Beauchamp nous apprend comment, à cette même époque, ce chef de Chouans qualifiait publiquement ce personnage dans une proclamation : « … Le prétendant, ajouta Tinténiac au nom de Puisaye, a brigué lui-même à la cour de Londres, ce dangereux commandement, mais pour ne point compromettre sa personne, le comte d’Artois, son frère… » (Hist. de la Vendée et des Chouans, Paris, 1807, t. 3, p. 188.)
    Du reste, sous les réticences et les habiletés de l’officieux Villeneuve, on démêle très bien tout ce qui s’est passé. De Sarzeau, jusqu’à Coëtlogon, on a trouvé moyen de faire marcher Tinténiac, par des avis ambigus, qui ne laissent pas deviner ce qu’on attend de lui, ni très probablement à quelle autorité on veut le faire obéir. Car c’est précisément quand, par la bouche séductrice de femmes distinguées, on lui fait transmettre un ordre de S. M. Louis XVIII, que Tinténiac répond par un refus.
    On va voir Jean-Jean et Lantivy refuser aussi d’obéir à des ordres pareils, donnés sans aucun doute au nom de la même autorité royale.