Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/231

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et confirmé de l’événement du 8 juin, la cour d’Angleterre, qui, aussitôt après le 21 janvier 93, avait pris le deuil de Louis XVI et qui avait toujours considéré et reconnu Louis XVII comme roi de France, était restée sans en prendre le deuil, non pas, — comme l’insinuaient dès cette époque des officieux[1], — en raison de difficultés protocolaires, car par le fait de la Régence reconnue du comte de Provence, les formalités de notification officielle étaient beaucoup plus faciles et plus simples que pour la mort de Louis XVI, mais, très évidemment parce que là, comme ailleurs, la nouvelle de l’évasion avait trouvé plus de créance que celle du décès.

Mais une divergence complète de vues existait entre Georges III et ses ministres, soutenus le plus souvent contre lui par le propre fils du roi, le prince de Galles, aspirant perpétuel à la régence. Georges III était légitimiste. La politique de son ministère était moins sentimentale et moins soucieuse des principes ; elle devait être facilement accessible à la considération des avantages que pouvaient assurer aux intérêts de la

  1. Il est intéressant de constater avec quelle facilité les officieux parvenaient à faire passer partout les versions utiles. C’est dans le Moniteur que se trouve cette extravagante explication. Voici ce qu’on lit dans le n° du 1er thermidor an III (19 juillet 1795) :
    « Londres, le 30 juin. … La cour en prendra-t-elle, ou n’en prendra-t-elle pas le deuil ? Telle est la question qu’on agite avec beaucoup de chaleur. Mais pour que le deuil eût lieu, il faudrait que cette mort fût notifiée officiellement, ce qui n’est guère possible, à moins que ce ne soit quelque ministre britannique auprès d’une cour étrangère qui en donnât connaissance, encore cette notification ne serait-elle pas selon l’étiquette adoptée. »