Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/233

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ses était légalement le dépositaire de l’autorité royale.

Et tout prouve qu’en effet, il n’y eut rien de plus.

Du côté de l’Angleterre, il est assez public qu’il n’y eut pas reconnaissance officielle de Louis XVIII comme roi de France[1].

Du côté des royalistes, il est manifeste que cette royauté fut loin d’être reconnue unanimement et que, de la part de beaucoup d’entre eux, la proclamation de Louis XVIII fut acceptée, ou plutôt subie comme une nécessité temporaire, pour éviter l’éclat désastreux d’une scission publique.

Voici un document datant de cette époque, qui prouve même que la résistance à cette nécessité se soutint encore quelque temps.

C’est une adresse du Comité de surveillance de Nantes à la Convention, en date du 29 messidor an III (17 juillet 95). On y lit ces lignes :


« Jusqu’auprès de nos barrières, tous ceux qui passent en petit nombre ou sans armes, sont surpris, arrêtés, assassinés par des guet-apens qui interceptent toutes nos subsistances, s’appuyant sur des ordres de leurs chefs, donnés le plus souvent au nom chimérique d’un Louis XVII[2]. »

  1. Plus de deux ans après, le duc de Bourbon écrit de Londres, le 28 septembre 1797, au Prince de Condé : « Le duc d’Harcourt m’a dit avoir encore appuyé pour engager les ministres à se décider à reconnaître publiquement le Roi de France ; mais on n’obtient jamais de réponse favorable lorsque l’on traite cet article. » (Hist. des trois derniers princes de la Maison de Condé, Crétineau-Joly, t. 2, p. 199.)
  2. Mellinet : La Commune et la milice de Nantes, t. 9, p. 279.