Deux mois plus tard, un chef royaliste qui ramenait de Rouen 28 dragons du 16e régiment, recrutés par lui pour passer aux Chouans, avait pris logement à Saint-Martin-l’Aiguillon, chez un M. Dupeiron, qui lui parla des Chouans « comme de bandits, pillards et assassins ». En quittant son hôte, le lendemain matin, il lui dit : « … Si vous vous trouvez quelque jour inquiété par ces bandits de Chouans, dites-leur qu’Alexandre est votre ami et tous ses camarades du 16e régiment de dragons. Vive Louis XVII[1] ! »
Ce qui se passe à Quiberon même est extrêmement significatif.
Sombreuil a apporté un double avis : que le mot d’ordre est de marcher au nom de Louis XVIII ; et qu’une décision va arriver, tranchant, au profit de Puisaye, le conflit de commandement. Et cependant, le conflit de commandement ne cesse pas ; et la proclamation de Louis XVIII se fait dans des conditions singulières de quasi-clandestinité. Une seule explication est possible ; c’est que les Chouans n’acceptant pas franchement Louis XVIII, et Puisaye lui-même n’osant pas se compromettre sans réserve dans ce sens, d’Hervilly, Talhouët et autres « véritables royalistes », selon la formule de M. de Provence, sentaient le danger de ces deux décisions qui leur paraissaient contradictoires.
Elles l’étaient, en effet, et à un degré invraisemblable, si l’on n’admet pas que la véritable intention
- ↑ Ce fait est raconté par ce chef royaliste lui-même, Billard de Veaux, dans ses Mémoires, t. I, p. 123.
D’après les autres circonstances du récit, l’aventure eut lieu entre le 10 et le 15 septembre 1795.