Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/240

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Mais il était déjà près de minuit ; le jour allait paraître quand il put débarquer avec huit cents hommes seulement ; la fusée convenue fut lancée pour l’annoncer. Quelques instants après, au lever du soleil, on se trouva en présence d’une forte colonne pourvue de canons, sous les ordres de l’adjudant-général Romand. Il n’y avait plus qu’à se rembarquer ; et ce fut l’avis du commodore anglais. Ce rembarquement se fit sans trop de pertes, quoique en grand désordre. Les Chouans, déjà très mal disposés par tout ce qui s’était passé, montrèrent la mauvaise volonté la plus manifeste. « Ils trempaient leurs fusils dans la mer, pour ne pas être obligés de s’en servir. » Vauban assure qu’il lança à ce moment les trois fusées qui étaient le signal d’échec ; mais dans la clarté du jour, elles ne pouvaient être aperçues.

À deux heures du matin, d’Hervilly était sorti de la presqu’île, à la tête de ses quatre régiments et de six à huit cents Chouans, en tout quatre mille hommes environ, avec huit pièces de canon. Il est impossible de concevoir la folie d’une telle entreprise tentée dans de telles conditions, contre des lignes couvertes de bons retranchements, défendues par seize ou dix-huit mille hommes[1] de troupes aguerries et munies de douze canons de position et de quatre obusiers, sans compter une nombreuse artillerie de campagne.

Une surprise pouvait tout au plus procurer un succès momentané, mais sans résultat utile, tant qu’on laissait derrière soi une division non débarquée et

  1. Michelet ne compte que treize mille hommes. Hoche en avait certainement de seize à dix-huit mille.