Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/246

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royalistes ne l’étaient pas non plus, et par conséquent, n’avaient pas un mot à dire au dernier soldat de ces troupes qui, certes, ne leur auraient pas obéi. »

Rien ne fait mieux comprendre quelle était la situation.

Ce n’était évidemment pas par oubli ou par impossibilité que Puisaye était parti d’Angleterre sans être pourvu et sans avoir fait pourvoir ses officiers de brevets anglais. La conception qu’il s’était formée et qu’il avait fait adopter pour l’entreprise, apparaît ici clairement. Il connaissait l’état de l’opinion en France ; il savait, en particulier, pour les avoir longtemps travaillées, quelles étaient les dispositions des populations de l’Ouest chez lesquelles le souvenir était resté très vivace du débarquement des Anglais en 1746, des ravages faits dans la presqu’île, saccagée et réduite à la misère, sur les ruines de ses quinze villages ou hameaux détruits de fond en comble. Il avait accepté, il avait même sollicité les secours matériels de l’Angleterre, mais il avait gardé la notion très juste, qu’il ne pouvait compter sur les soulèvements préparés, non plus que sur le concours promis, — espéré, si l’on veut, — de généraux républicains, qu’à la condition de marcher sous une bannière française, à la tête de combattants français. Ses combinaisons étaient très habilement calculées dans ce sens. Les régiments à la solde anglaise, dont il ne pouvait se passer pour le débarquement et l’organisation, il avait eu soin de les composer uniquement d’émigrés et de déserteurs, de prisonniers, tous plus ou moins compromis d’après les lois de la Convention, mais tous Français ; et il avait tenu à en faire