Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/245

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L’armée royaliste, qui s’était battue avec une grande bravoure, était fort éprouvée. Cent cinquante officiers, dont plusieurs généraux, et cinquante des meilleurs officiers de marine, huit cents soldats étaient tués ou blessés ; cinq canons avaient été abandonnés faute de chevaux. D’Hervilly, frappé d’un biscaïen dans la poitrine, était blessé à mort.

La question du commandement qui, depuis le jour du débarquement, avait donné lieu à de perpétuels conflits et aux plus funestes divisions, se posait de nouveau dans des conjonctures particulièrement graves.

« Puisaye fit notifier à l’ordre son autorité comme général en chef[1]. »

On doit constater qu’il n’en usa pas avec une grande vigueur ; et l’on serait tenté, au premier abord, de lui reprocher une certaine indécision et un défaut de netteté de vues. On a dit de lui qu’il était plus diplomate que soldat. Cette appréciation peut être juste ; mais, dans les circonstances où il se trouvait, la faiblesse et l’indécision de son attitude doivent équitablement être attribuées à des causes indépendantes de son caractère et de sa volonté.

Les tiraillements qui s’étaient produits avaient nécessairement relâché tous les liens de la subordination hiérarchique. Vauban l’indique très clairement : « L’opinion la plus parfaitement arrêtée, l’acte de foi le plus hautement articulé dans cette armée, était que pour commander des troupes à la solde anglaise, il fallait être bréveté[sic] par le Roi d’Angleterre, et M. le comte de Puisaye ne l’était pas. Les officiers généraux

  1. Mém. de Vauban, p. 114.