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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/248

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ordre de choses. Les cantonnements étaient bloqués, les petits détachements égorgés, les convois interceptés. On venait inquiéter l’armée jusque dans les villages qu’elle occupait. Des bandes de douze ou quinze insurgés se glissaient la nuit entre les postes et les sentinelles avancées, le long des fossés et des maisons, tuaient quelques soldats ou faisaient leur fusillade en l’air pour donner l’alarme. Toutes les villes dégarnies de troupes étaient insultées ou menacées. Le soulèvement était général dans les Côtes-du-Nord et l’Ille-et-Vilaine. Si les secours anglais étaient arrivés, même après le funeste combat du 16, Hoche eût été forcé de battre en retraite. Il a dû en faire l’aveu, l’année suivante, chez M. de Châteaubourg, à Rennes[1]. »


L’aveu de Hoche, rapporté ici, est précieux à retenir. S’il ne constatait pas la réalité de la situation, il révélerait alors une arrière-pensée d’attente calculée en vue d’un événement décisif.

Le tableau qu’on vient de voir n’a rien d’exagéré. On peut donc concevoir quels sentiments tumultueux ont dû, en quelques jours, agiter l’âme de Puisaye, pareils à ceux d’un homme qui aurait forgé une arme redoutable pour un dessein grandiose, qui la verrait à portée de sa main, solide, maniable, intacte après les coups qui en ont éprouvé la trempe, et qu’une puissance invisible empêcherait de la saisir à l’heure propice de l’action. Tous les éléments, toutes les ressources que Puisaye avait préparés, qu’il avait annoncés et promis, étaient là, prêts à être employés ; il suffisait de s’en emparer pour porter sûrement le

  1. Relation de Chasle de La Touche.