Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

coup décisif. La pensée triomphante qu’il briserait tous les obstacles interposés, a certainement soutenu longtemps son courage. Mais ce n’était pas l’ennemi présent là, devant lui, qui l’occupait ; toutes ses préoccupations se tendirent vers cet autre ennemi absent et invisible qu’il fallait combattre sur un autre terrain. De là, cette espèce d’abandon, qu’on lui a justement reproché, des soins militaires que comportait la situation et qui eussent peut-être prévenu bien des malheurs ; ce fut l’effet, non de la trahison ou de la lâcheté, ni même du découragement, mais d’une obsession insurmontable et fatale.

Les circonstances étaient singulières : on peut dire que le danger était égal de part et d’autre. Si Puisaye ne voyait pas arriver les secours attendus, soit du côté de la mer, soit du côté de l’intérieur, un rembarquement pouvait seul le sauver ; si ces secours arrivaient, Hoche était pris entre deux feux sans espoir de retraite. À voir ce qui se passe dans les deux camps : Hoche prolongeant, sans raison plausible, une temporisation qui ne peut que compromettre ses chances de succès, de salut même : Puisaye, négligeant les mesures les plus simplement commandées pour sa sécurité présente, on ne peut se défendre de cette conviction que l’un et l’autre attendaient un événement qui devait dénouer la situation d’après les conditions d’un pacte antérieur.

La blessure de d’Hervilly laissait à Puisaye le commandement de fait ; et, comme on l’a vu, il le réclama et le prit. Les dépêches d’Angleterre annoncées par Sombreuil, lui en apportaient le titre incontestable. Cependant, un fait relaté par Vauban, montre