Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/254

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de la marine, qui, depuis le débarquement, avaient afflué au camp royaliste, dans une proportion jusque-là inconnue, avaient cru — cela ne peut faire de doute, — devancer le ralliement général si clairement annoncé dans la proclamation de Puisaye et s’assurer ainsi une situation privilégiée dans le parti qui devait prendre la direction du mouvement. Le même instinct qui leur avait fait entrevoir de ce côté les chances d’avancement et de fortune, les avertissait maintenant que le coup était manqué et qu’il était temps de se faire bien venir dans le camp républicain. À partir du 16, les désertions se produisent en sens inverse et vont chaque jour se multipliant.

Cependant des pourparlers s’établissent entre les officiers des deux armées, dans des conditions singulières, inusitées, qui indiquent que, de part et d’autre, dominait le sentiment d’obligations, de convenances, modifiant la situation ordinaire d’ennemis en présence.

Il paraît même que les avances amiables vinrent des républicains[1]. On trouve dans Vauban un récit qui doit suggérer bien des réflexions.


« Le 18, M. le comte de Puisaye, M. le marquis de Contades et moi, escortés d’un petit détachement, sortîmes du fort pour aller faire un tour sur la falaise ; nous vîmes de loin un officier général républicain qui en faisait autant avec une troupe pareille. Peu à peu, nous nous approchâmes. Lorsque nous fûmes à peu près à la distance de deux cents pas, le républicain nous fit signe avec un mouchoir blanc qu’il mit à

  1. Voir Append., n° 15. Extrait de Beauchamp.