Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/259

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On conçoit cependant que, dans l’état des choses, ce désir d’entente, sincère sans doute, ne pouvait plus aboutir.

Il est même fort étonnant que Hoche n’ait pas profité immédiatement de sa très grande supériorité numérique et du désarroi causé parmi les royalistes par leur échec du 16 et par les tiraillements résultant de la blessure de d’Hervilly ; qu’il lui ait laissé le temps de régler les questions de commandement et de débarquer la seconde division, et qu’il ait attendu quatre jours avant de tenter une attaque qui eût certainement réussi dès le lendemain. Et qu’on ne dise pas que la certitude d’augmenter encore ses chances de succès en améliorant ses préparatifs, fût une raison valable de sa conduite, car jamais l’urgence d’un coup de main ne fut plus manifeste ni plus impérieuse. Sa propre armée souffrait d’une extrême disette : l’argent, les vivres manquaient, on n’avait même plus de pain. Et, d’autre part, le danger était toujours redoutable de voir déboucher sur ses derrières les corps de Jean-Jean et de Tinténiac, considérablement grossis, et dont le sort ne pouvait encore être connu dans le camp républicain.

On serait tenté de croire que la visite de Blad et de Tallien au camp de Hoche eut pour motif de presser cette attaque, si une explication plus plausible ne s’imposait pas par le rapprochement qu’on est obligé de faire avec les faits concomitants. C’est précisément pendant cette période qu’ont eu lieu ces étranges pourparlers, auxquels on n’aperçoit aucun prétexte militaire et dans lesquels, d’une part, on offre le partage des provisions et des trésors ; de l’autre, on presse d’entrer en négociations avec Tallien.