Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/260

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Le nom de Tallien mis en avant dans de telles circonstances[1], a une très grande signification. « Puisaye et autres royalistes se vantaient d’avoir pour eux certains représentants, d’avoir des royalistes jusque dans la Convention[2] », et Tallien — c’est Michelet qui le constate — était des plus compromis par les soupçons. On peut même dire que le fait seul de sa désignation comme commissaire auprès des armées de l’Ouest force à penser qu’en effet, l’entreprise de Puisaye avait des ramifications jusque dans les comités dirigeants.

Quand on sait de plus que Mme  Tallien était l’amie intime de Joséphine de Beauharnais, dont la coopération à l’œuvre de délivrance du jeune roi ne peut être révoquée en doute ; et quand on se rappelle que « lorsque Tallien revint effaré (de Quiberon) et dit à sa femme, dans ce salon plein de royalistes : « Tout est fini », elle fondit en larmes[3] », tout s’éclaire d’un jour singulier.

La négligence de Puisaye, visiblement absorbé par d’autres préoccupations que le soin de garder son camp ; les hésitations et les lenteurs de Hoche, si peu conformes aux habitudes de son caractère et si peu explicables normalement dans la situation présente ; l’attitude patiente des représentants, qui contraste si fort avec les traditions de leur rôle, se comprennent, si l’on admet que la contrainte d’engagements positifs obligeait à chercher des moyens pratiques de prorogation ou des causes valables de résolution. On

  1. Voir append., n°15.
  2. Michelet, Hist. de la Rév. fr., p. 1986.
  3. Michelet, Hist. de la Rév., p. 1987.