Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/267

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de choses dans ma vie m’ont surpris autant que ce qui se passa dans cette petite réunion. Rien de plus enjoué, de plus frivole, de moins analogue à la circonstance que la conversation qui s’y tint et dont Hoche fit les frais en grande partie. Au bout d’une heure, quoiqu’il plût encore à verse, il se lève brusquement, comme par inspiration et sort en s’écriant : « C’est assez de folies ; il est temps de faire le général[1]. »


Le désordre put être réparé et le mouvement repris. La marche se faisait dans le plus profond silence.

Le centre qui suivait la ligne la plus directe et la plus facile arriva assez promptement aux retranchements. Son approche n’avait pas été signalée. Le premier peloton de l’avant-garde républicaine, à qui l’on avait fait revêtir des capotes et des chapeaux pris sur les émigrés tués au combat du 16, et qui par les transfuges, avait le mot d’ordre, se heurta à une patrouille royaliste commandée par M. de La Peyrouse, qui crut avoir affaire à un détachement du régiment d’Hervilly et ne donna pas l’alarme. On aborde tout à fait par surprise le camp retranché. « Un détachement de Loyal-Émigrant, six cents insurgés et de braves canonniers toulonnais en formaient la garnison. Tous se précipitent aux palissades. La canonnade, la mousqueterie ont bientôt mis en fuite le corps du général Hoche qui s’était trop avancé[2]. Mais les royalistes

  1. Rouget de Lisle.
  2. La défense hâtive et forcément désordonnée d’un poste surpris dans l’obscurité ne pouvait raisonnablement obliger à la retraite le centre de Hoche très supérieur en nombre, alors que son aile gauche, plus vigoureusement attaquée, poursuivait résolument sa marche.