Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/268

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ne pouvaient voir les assaillants, tant la nuit était sombre ; ils supposaient que c’était une alerte comme les tirailleurs républicains en avaient donnée plusieurs jours auparavant. Les deux canonnières dont l’attention fut attirée par ce qui se passait, éclairèrent un peu la scène en lançant des pots à feu, à la lueur desquels on aperçut les colonnes de gauche. Les Anglais tirent à mitraille sur la plus proche, celle de Humbert, la coupent et la dispersent, sans cependant lui tuer beaucoup de monde. Quelques boulets lancés sur la brigade Botta, y mettent le désordre et blessent à mort le général. Ainsi tout le corps d’opération de Hoche se trouve un instant en fuite, dispersé, éparpillé, à l’exception de la colonne de droite, qui escaladait le fort à ce moment-là[1]. »

Cette prise du fort s’était effectuée sans grandes difficultés. Un récit, qui a tous les caractères de la plus grande sincérité, en a été laissé par un capitaine du bataillon de la Gironde, qui fut un des acteurs de ce coup de main :


« L’adjudant général Ménage, à la tête de la colonne, nous fit suivre les bords de la mer. Nous marchions à pied sec et dans le plus profond silence, sur une grève ferme et solide, entrecoupée de quelques petites flaques d’eau et de sables mouvants où l’on enfonçait

  1. Chasle de La Touche, p. 83.
    On va voir que le corps le plus exposé au feu, l’aile gauche, poursuivit sa marche en avant. Le centre seul, commandé par Hoche, rétrograda aux premiers coups de fusil et poussa très loin sa retraite ; il ne reparut que lorsque les royalistes étaient déjà acculés au fond de la presqu’île. Et il ne faut pas perdre de vue que Tallien et Blad étaient avec Hoche.