Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/289

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Un grand nombre de témoins déclarent qu’avant de donner un nouvel ordre de départ, Hoche monta à cheval et, en présence des représentants et des généraux, fit proclamer la capitulation ; qu’à ce moment seulement, les royalistes connurent la clause qui exceptait Sombreuil. D’après d’autres récits, cette proclamation avait été faite par Humbert. Il est certain qu’on demanda alors aux prisonniers leur parole d’honneur de se rendre à Auray, où une nouvelle destination leur serait donnée. Il est impossible d’en douter, quand on voit avec quelle docilité et quelle confiance ces malheureux se laissèrent conduire par une escorte qui n’était pas de force à les contenir.

Aucun récit royaliste n’est à cet égard plus précis et plus suggestif que celui d’un témoin républicain, Rouget de Lisle :


« Le général Lemoine était resté chargé des opérations relatives aux prisonniers. Le 21 même, à cinq heures du soir, il fit partir pour Auray une première colonne d’émigrés, qui, de là, furent conduits à Vannes. À la tête de cette colonne, marchaient Sombreuil, l’évêque de Dol et son clergé ; avec elle, MM. de Soulanges, de Broglie, de Rieux et plusieurs autres officiers royalistes. Elle était surveillée par une faible escorte, plongée dans l’ivresse et qui ne pouvait apporter d’obstacle à la fuite des prisonniers, pendant un trajet qui se fit en partie dans la nuit, et que sa longueur, sa lenteur et les mauvais chemins rendaient extrêmement favorable à leurs évasions. L’évêque de Dol excepté, vieillard infirme pour qui cette voie de salut était impraticable, elle fut ouverte à tous ceux qui ne manquèrent pas de détermination