Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/292

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Cette confiance que Rouget de Lisle et Moreau de Jonnès qualifient de folle et qui aurait dû leur montrer insoutenable la thèse de la reddition à discrétion, ne régnait pas seulement parmi les prisonniers ; elle s’était répandue dans l’escadre. Voici ce que racontent plusieurs de ceux qui y avaient trouvé refuge.


« Le commodore Warren, — dit Contades, — envoya sur-le-champ à terre le capitaine Keats et Cotton, lieutenant de La Pomone, demander quelle était la capitulation. On les reçut fort mal et on leur rit au nez, quand ils en parlèrent[1]. »

« Il (le capitaine Keats) tâcha, — dit Vauban, — de faire valoir la prétendue capitulation. Tout fut rejeté dans les formes les plus dures… On nia toute espèce de capitulation ; on renvoya l’officier anglais en lui disant qu’il n’en avait jamais existé[2]. »


Vauban et Contades, ainsi que tous ceux qui avaient pris le parti de gagner le large, se montrent disposés à mettre en doute le fait de la capitulation ; ils sont presque obligés de n’y pas croire. Mais ils auraient bien dû expliquer comment il se faisait que le commodore anglais y croyait, ce qui ne fait pas de doute, d’après leurs propres récits.

Dans un rapport manuscrit du marquis de La Jaille (aide de camp de Puisaye), daté de Londres, le 1er janvier 1797, se trouve un passage qui éclaircit singulièrement tout cela :


« M. de Boson de Périgord fut envoyé par M. de

  1. Contades, Souvenirs, p. 215.
  2. Vauban, Mémoires, p. 173.