Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/315

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Paris, se rejetait, des projets de clémence magnanime dans ceux de vengeance impitoyable, un mouvement pareil entraînait tout dans le Morbihan. La peur d’être compromis, — le plus puissant des réactifs connus, — avait agi sur Tallien. Le même mobile, manifestement, faisait céder Blad. Et l’on peut croire que parmi les membres de ce Directoire qui poussait le zèle patriotique jusqu’à s’arroger des pouvoirs exceptionnels, plus d’un, — et les plus ardents probablement, — n’obéissaient pas à un autre sentiment. Quelque Lanjuinais sans doute avait aussi passé par là.

Quant à Hoche, si l’on est obligé de constater qu’il finit par subir, lui aussi, la loi de ces peu nobles considérations, sa conduite semble indiquer que sa conscience eut quelque peine à s’y résigner.

Ce fut une consternation générale dans Auray, où tout le monde, vainqueurs et vaincus, vivait dans la confiance d’une capitulation, quand tomba, comme un coup de foudre, la nouvelle des mesures prises pour le jugement et l’exécution des prisonniers.

Sombreuil voulut porter lui-même à ses malheureux compagnons, qu’il avait involontairement entraînés dans son erreur, l’avis du sort qui leur était réservé et leur faire ses adieux.

De là, il se fit conduire chez le général Humbert, commandant la ville d’Auray.

L’entrevue fut solennelle et tragique. L’un de ces deux hommes, qui, par le sacrifice de sa vie noblement offerte, avait cru racheter celle de ses soldats, et se trouvait les avoir conduits au supplice, était en droit de se révolter contre l’indigne manquement à la parole