Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/316

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donnée et de faire entendre les plus véhémentes imprécations ; l’autre, dont les principes d’honneur et les sentiments de générosité étaient certainement livrés à une cruelle torture, n’avait à invoquer que son impuissance et l’inéluctable devoir de l’obéissance passive. Nul ne pourra dire quels furent les propos échangés. Ce qu’on sait, c’est qu’à un certain moment, Sombreuil, dans un accès de désespoir exaspéré, saisit sur la cheminée un pistolet, l’appuya sur son front et pressa la détente. Il se trouva que l’arme était mal chargée, et le coup ne produisit qu’une contusion[1].

On transporta le malheureux Sombreuil dans l’église des Cordeliers. L’évêque de Dol « lui reprocha la lâcheté d’un suicide, condamné également par Dieu et par les hommes, lui prêchant avec tant d’éloquence les grands enseignements de la religion, que Sombreuil pleura son crime et promit de mourir avec la résignation d’un chrétien et le courage d’un soldat ».

Il comparut le 9 thermidor devant la Commission ; il répondit avec calme à toutes les questions qui lui furent posées ; il déclara que, pour lui-même, il n’avait rien à dire contre sa condamnation ; mais, pour ses compagnons, il réclama hautement le bénéfice de la capitulation. Les termes de cette déclaration ont été religieusement recueillis par les spectateurs. Beauchamp les rapporte fidèlement :

  1. Rouget de Lisle rapporte le fait autrement. Un secrétaire de Grenot lui aurait raconté que cette tentative de suicide aurait eu lieu dans une auberge. Cette version est tout à fait invraisemblable. Mais par la même raison qu’il a ignoré le motif de l’arrêt d’incompétence, on comprend que Rouget de Lisle ait cru inutile de contrôler le dire du secrétaire de Grenot.