Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/324

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saurait probablement citer aucun exemple pareil dans l’histoire militaire de la Révolution, et tout au moins qu’on n’en trouverait aucun dans l’histoire des guerres civiles de l’Ouest. Il faut donc qu’elle ait été déterminée par quelque fait d’une nature particulière et d’une gravité énorme. Ces juges ne portaient pas des esprits timorés et des consciences scrupuleuses à l’excès. Dans leur première fournée de 17 accusés, un seul avait obtenu un sursis, malgré la capitulation invoquée. Ils n’avaient pas hésité à condamner les seize autres à mort. Ce n’est que le lendemain qu’ils se décident à signaler, non pas un fait nouveau, mais le fait connu d’eux dès la veille, qui pourrait entacher leur jugement et surtout le rendre « odieux devant l’opinion publique ». Il est donc manifeste qu’ils cèdent moins à une impulsion spontanée qu’à une pression extérieure, qui ne peut être que celle des clameurs indignées par lesquelles les soldats continuaient à protester contre le manque de foi.

Cette tardive et bien timide invitation à plus ample examen, tempérée par les plus humbles assurances de soumission, parut un excès d’indépendance intolérable.

Le jour même, Blad lance un nouvel arrêté :


« La Commission militaire, créée en vertu de l’arrêté du 3 de ce mois est cassée et cessera ses fonctions aussitôt la communication du présent. Elle est remplacée par une autre Commission composée comme suit : François Bouillon, capitaine du 2e bataillon de tirailleurs, président ; Ignace Bischop, lieutenant ; Julien Carpin, lieutenant ; Jourdan