Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/343

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   « Monsieur,


» J’écris à M. Tallien[1] et je lui parle du sort de ceux dont les circonstances m’ont fait le chef. Dans le calme comme dans l’orage des combats, j’emploierai toujours les moyens que me permettent les usages de la guerre pour veiller à ce qui les intéresse. Toutes vos troupes se sont engagées envers le petit nombre qui restait, qui aurait nécessairement succombé ; mais, Monsieur, la parole de tous ceux qui sont venus jusque dans les rangs la leur donner, doit être chose sacrée pour vous. Je m’adresse à vous pour la faire valoir ; s’ils ne doivent point y compter, Monsieur, veuillez m’annoncer leur sort.

» Je suis, Monsieur, votre très humble serviteur.


» Le comte Charles de Sombreuil. »

Hoche reçut cette lettre le jour même ; il n’y fit aucune réponse : elle en méritait bien une cependant. Hoche se hâta de partir pour Saint-Malo, avec douze

  1. Cette lettre à Tallien n’a pas été publiée. Une autre encore paraît avoir été supprimée, dont parle M. de Montbron : « Par son ordre (de Sombreuil), j’écrivis à la Convention nationale, pour réclamer l’exécution du traité conclu entre lui et le général Hoche. Nous cherchâmes à pallier notre agression. Il n’avait en vue que le salut de ses compagnons ; il ne songeait point à conserver sa vie. Généreux et fier, il aimait mieux rompre sous les efforts de l’orage comme le chêne, que de céder au moindre souffle comme le roseau… La lettre ne fut signée que de moi. Dès le lendemain, Sombreuil fut jugé par la Commission militaire. » Cette lettre serait donc du 26 (ou du 25) juillet. Montbron ajoute en note : « On m’a dit qu’une main généreuse (?) l’aurait dérobée au député qui la reçut. » (Récit d’un officier pris à Quiberon, p. 34.)