Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/344

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bataillons d’élite ; c’étaient les fameux grenadiers dont la parole devait être invoquée devant le conseil de guerre.

On a voulu tirer parti du texte qui vient d’être cité, et parce qu’il est question de la parole de tous, conclure que Sombreuil ne pouvait réclamer la parole de personne en particulier. L’argument en lui-même est d’une casuistique ingénieuse et commode ; ce qui en décuple le prix, c’est qu’on ose le mettre en avant, à propos d’un texte tronqué, dont la partie effacée n’était évidemment pas la plus insignifiante. C’est là un procédé de discussion d’un usage avantageux et facile, mais d’une valeur au moins contestable.

L’autre lettre était celle que le gouvernement républicain avait le moins le droit de lire et de divulguer, puisque le destinataire auquel le général Humbert s’était chargé de la faire remettre, était l’amiral anglais.

Ce fut celle cependant qu’on mit le plus d’empressement à publier et à répandre.

La raison de cette peu justifiable indiscrétion fut qu’on en voulut tirer encore un argument, bien faible à la vérité, contre la capitulation et surtout que les récriminations amères et les violentes accusations contre Puisaye parurent très propres à ruiner l’influence et le crédit de l’homme qui avait été l’organisateur de cette formidable levée de boucliers. Peut-être, en considérant à qui la manœuvre pouvait être le plus profitable, serait-il juste de l’attribuer moins au parti républicain proprement dit, qu’au parti, très puissant alors par l’intrigue, de ce prétendant royal malgré et contre lequel avait travaillé Puisaye.