Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/345

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Voici le texte de cette lettre, tel qu’il a été donné au public :


« Auray, le 22 juillet 1795.

   » Monsieur,


» Je n’espérais pas avoir à vous envoyer un rapport où je dusse détailler les événements de la malheureuse journée qui m’a conduit ici, pour demander les plus scrupuleuses recherches sur la conduite du lâche qui nous a perdu. M. de Puisaye m’ayant donné l’ordre de prendre une position et de l’y attendre, a eu l’extrême prudence de joindre bien vite un bateau, abandonnant au hasard le sort des malheureuses victimes qu’il a sacrifiées, les gardes du fort ayant été forcées, toute l’aile gauche de la position étant déjà tournée, il ne restait de ressource que dans l’embarquement le plus précipité, rendu presque impossible par la proximité de l’ennemi.

» Les régiments d’Hervilly et de du Dresnay se rangèrent entièrement vers lui, abandonnant et massacrant leurs officiers. La majorité des soldats désespérant d’une aussi affreuse position, s’éparpilleront dans la campagne. Je me trouvais resserré et cerné au rocher à l’extrémité de la presqu’île avec deux ou trois cents gentilshommes et le peu d’hommes restés fidèles, mais sans cartouches, n’ayant pu en obtenir que pour les gardes du fort, malgré mes instances réitérées. Sans doute M. de Puisaye avait eu des raisons qu’il expliquera. Plusieurs bateaux encore à la côte pouvaient me donner la ressource