Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Avant l’événement du 8 juin, le comte de Provence avait écrit à Charette « une lettre bienveillante qui ne lui parvint que vers le milieu de juin[1] ». Charette était alors « le héros de l’Agence de Paris » et du cabinet de Vérone ; on le proclamait « le second fondateur de la monarchie », parce qu’il s’était laissé entraîner à suivre une ligne de conduite qui gênait les plans de Puisaye.

Il s’agissait de l’y maintenir.


« Dès que la mort de Louis XVII fut connue, — dit un biographe bienveillant, — Louis XVIII ne différa pas un instant de faire acte de royauté… Un de ses premiers actes fut de conférer l’institution royale de généralissime[2] à Charette ; Charette était alors son héros. « Je n’ai pas encore pu vous apprendre, lui écrivit-il (le 8 juillet 95), que je vous avais nommé lieutenant général. La providence m’a placé sur le trône, le plus digne usage que je puisse faire de mon autorité, est de conférer un titre légal au commandement que vous ne devez jusqu’à présent qu’à votre courage, à vos exploits et à la confiance de mes braves et fidèles sujets ; je vous nomme lieutenant général de mon armée catholique et royale. En vous obéissant, c’est à moi-même qu’elle obéira… C’est du positif que je puis vous donner » ; et déjà, il demande à Charette une

  1. Mortonval, Hist. de la Vendée, p. 376.
  2. D’après divers auteurs, le titre de généralissime n’aurait été conféré à Charette qu’un peu plus tard. On a eu de bonnes raisons pour reculer cette date, comme on a reculé au 18 juillet la date de la lettre même citée ici : la différence des époques en changeait la portée. Mais l’auteur de ces lignes, ordinairement bien renseigné, ne se trompe certainement pas. Il suffit de prêter attention à la lettre qu’on va lire pour s’en convaincre.