Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/371

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tion du rôle inutile qu’on lui faisait jouer, de la tâche presque perfide qu’on lui imposait, il voulut rester jusqu’au bout, fidèle à ce qu’il considérait comme le devoir militaire. Il se conforma à tous les avis qui lui furent transmis, il exécuta tous les mouvements qui lui furent indiqués.


« Charette, — dit son biographe, Le Bouvier, — se mit deux fois en marche pour protéger la descente du prince, et deux fois, des difficultés réelles ou supposées de la part des Anglais en empêchèrent l’exécution ; enfin, au jour pris pour une troisième tentative, il part de Belleville… L’armée n’avait plus qu’un jour de marche, lorsqu’un envoyé du comte d’Artois vint lui annoncer que les généraux anglais avaient décidé qu’ils resteraient en observation devant l’Isle-Dieu et que le débarquement se ferait dans un moment plus opportun. Il lui remit au nom du prince un très beau sabre portant cette devise incrustée sur la lame : « Je ne cède jamais. » — « Dites au prince, répondit Charette, qu’il m’envoie l’arrêt de ma mort[1]. »


  1. Si, comme le dit Le Bouvier, qui fut un des intimes de Charette, le sabre ne fut envoyé qu’à ce dernier moment, la devise : « Je ne cède jamais », prenait bien l’apparence comminatoire d’une signification constatant le crime de résistance aux volontés des princes ; et c’est ainsi que Charette l’a interprétée, puisqu’il répond, en acceptant la sanction : l’arrêt de mort. Voir Le Bouvier des Mortiers, Vie du général Charette, Paris, 1809, p. 406.