Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/370

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très clairement entre les lignes que des avis précis lui avaient été donnés « pour une expédition qui a manqué ». Voyant qu’on ne faisait rien pour se trouver au rendez-vous et qu’on paraissait vouloir ne pas sortir de la baie de Quiberon, il avait dû faire réoccuper ses postes dégarnis. Et c’est alors qu’on lui prescrivait de se porter à la côte, dans des conditions de délai inexécutables.

Le comte d’Artois vint alors s’établir à l’île d’Yeu.

Là, recommencèrent les allées et venues d’aides de camp et de messagers, chargés de discuter les opérations à concerter et surtout de faire une dernière et décisive enquête sur les dispositions véritables des chefs royalistes. Il en fut envoyé à Charette ; il en fut aussi envoyé à Stofflet. Ces négociations — fait remarquable — n’aboutirent même pas à ce résultat que le prince ait jugé utile de mander auprès de sa personne les généraux auxquels il apportait des ordres, ni que ces généraux aient éprouvé le désir d’aller offrir leurs hommages à l’Altesse Royale qui se présentait au nom du roi Louis XVIII.

Faut-il une preuve plus manifeste qu’il existait des points sur lesquels on ne voulait, ni de part, ni d’autre, s’expliquer ?

Le prince voyait clairement qu’il n’obtiendrait, par aucun moyen, une adhésion sans réserves aux projets, dont il était l’agent.

Charette voyait et ne pouvait empêcher ses officiers de voir qu’on leur demandait des efforts et des sacrifices en pure perte, pour sauver les apparences nécessaires à l’honneur d’un prince résolu à se dérober.

Malgré ses désillusions et malgré la triste convic-