Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/373

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démonstration en vue des côtes de France, il avait maintenant besoin d’un prétexte pour ne pas débarquer. Il lui fallait bien tenir quelques conseils de guerre et commander quelques mouvements sur terre et sur mer pour dissimuler sa résolution, bien arrêtée à l’avance, de reprendre simplement la route de l’Angleterre.

On est habilement parvenu à envelopper tout cela d’un brouillard factice, qui a pu tromper pendant un temps, mais qui n’est pas impénétrable aux projections puissantes que fournit le faisceau convergent des documents lumineux qu’on peut rapprocher.

Au moment où Charette avait repris les armes (26 juin 95) et lorsqu’il avait déjà reçu la lettre du comte de Provence lui conférant le grade de lieutenant général, l’abbé Bernier avait dit à Stofflet : « Restez dans la position neutre que vous vous êtes faite et ne vous hâtez pas de proclamer le roi[1]. »

Que signifiaient ce langage et ce conseil ? S’agissait-il de réserver la question de savoir quand on proclamerait Louis XVIII ? Non, mais celle de savoir si on proclamerait Louis XVIII. Crétineau-Joly, qui cite ce propos de l’abbé Bernier, laisse bien voir qu’il en a aperçu le sens, car il cherche à l’expliquer en revenant sur cette histoire si ingénieusement inventée, d’un parti créé pour faire roi le comte d’Artois. Voici ce qu’il raconte :


« Une agence secrète, en dehors de celle que présidait l’abbé Brottier, s’était mise en communication directe avec le curé de Saint-Laud (l’abbé Bernier).

  1. Crétineau-Joly et R. P. Drochon, t. 2, p. 414.