Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/374

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Ce dernier promettait le concours de Stofflet et de son armée, dont il s’était bien gardé de sonder les volontés[1]. »


Quelque temps après, le marquis de Rivière apporta à Charette le brevet de lieutenant général et le cordon rouge que les princes lui adressaient en récompense de ses exploits. « Je ne porterai cette décoration, dit Charette, qu’après que justice aura été rendue à tous mes braves paysans. » — Ainsi qu’il l’avait annoncé, il ne couvrit jamais sa poitrine d’un cordon si noblement mérité[2]. Il fit plus : il refusa aussi les croix de Saint-Louis qui lui étaient envoyées pour ses officiers, en disant — rapporte Beauchamp — « que ses officiers ne voulaient les recevoir que de la main du roi[3] ».

Ainsi Charette accepte le brevet de lieutenant général de la seule autorité qui puisse le donner ; mais il refuse de porter et de distribuer les insignes honorifiques qui lui sont apportés de la part du Roi. Cela certes est étrange, énorme.

Crétineau-Joly laisse ici percer son embarras en s’abstenant de toute réflexion personnelle ; mais il ne peut dissimuler que l’attitude de Charette causa de l’étonnement, de l’inquiétude et qu’on crut devoir en chercher la raison.


« Ces paroles, — dit-il, — inspirèrent à Rivière

  1. Crétineau-Joly et R. P. Drochon, t. 2, p. 416.
  2. Id., p. 417. Il est possible que M. de Rivière n’ait apporté le brevet qu’en septembre, mais Charette avait déjà reçu avis de sa nomination.
  3. Beauchamp, Hist. de la Vendée et des Chouans, édition de 1806, t. 8, p. 337. Le Bouvier rapporte exactement le même propos (Vie du général Charette, Paris, 1809, p. 406).