Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/380

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compréhensible au comte d’Artois et à son auguste frère.

La situation était étrange.

Ni du côté des princes cadets, ni du côté des défenseurs de l’héritier légitime, il n’était possible de traiter, ni même de poser nettement la question.

Pour les princes, il fallait que Louis XVII fût mort : toute discussion sur ce point mettait en doute des droits qu’ils voulaient incontestés.

Se trouvant en présence de consciences qui décidément ne se laisseraient pas violenter, ils jugèrent, par un calcul très profond, qu’il valait mieux pour eux ne pas pousser les choses au point de provoquer un éclat irréparable et qu’une soumission apparente, imposée par la crainte du scandale, aurait pour effet de rendre à la longue inertes les réserves les plus tenaces.

Pour les royalistes qui croyaient Louis XVII vivant et lui restaient fidèles, il n’existait aucune autorité devant laquelle un recours fût actuellement possible. Leur roi était mineur ; il lui fallait un régent ou un conseil de régence. Or, le régent de droit, d’après les institutions du royaume, se trouvait être le compétiteur au droit d’hérédité, le prétendant à l’usurpation. C’était un cas de forfaiture. Mais pour prononcer cette forfaiture et la déposition du régent, pour pourvoir à son remplacement, il était nécessaire d’avoir des États Généraux, un Parlement, un corps constitué pour

    cette expression se rapporte à Louis XVIII : erreur étrange de la part d’un royaliste qui ne pouvait ignorer que, Louis XVII mort, Louis XVIII n’était plus héritier présomptif, mais roi titulaire. » L’erreur eût été étrange en effet, inadmissible même, mais Charette savait bien la valeur du mot dont il se servait.