Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/381

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représenter la nation, ou ayant quelque qualité pour s’ériger en arbitre d’une question touchant au maintien des règles dynastiques.

Dans ces circonstances extraordinaires, Charette s’est comporté en politique de génie.

Il acceptait les pouvoirs militaires dont il avait besoin pour défendre le droit monarchique, de la seule autorité qui pût valablement les conférer, du Régent de France[1], qu’il ne pouvait empêcher de se dire Roi de France. Mais il n’acceptait rien de plus, et rejetait les honneurs qui étaient un don plus personnel de cette autorité usurpatrice. Et ne voyant aucune juridiction monarchique pour recevoir ses réserves en faveur du droit, il les adressait, comme en dépôt, au gouvernement de fait, au Comité de salut public.

Ce n’était donc pas sans motif que Rivière avait été envoyé pour réclamer de Charette « des explications sans ambiguïté » sur ses projets. Crétineau-Joly assure que ces explications furent entièrement satisfaisantes[2]. C’est évidemment le contraire qui est vrai : les faits le prouvent.

La forme que prit Charette pour répondre à Rivière est remarquablement significative. « Mon armée, — réplique le Vendéen, — a prêté serment au souverain légitime ; je vais la réunir dans une heure ; elle vous répondra mieux que moi. » Après quoi, d’après le même récit, des cris d’allégresse éclatent dans tous

  1. Ce brevet ayant été, comme on l’a vu, antidaté d’un an, pour atténuer l’apparence d’un appât vénal, il devait en résulter que Charette se trouvait, par le fait, commissionné par le Régent de France.
  2. Hist. de la Vendée militaire, t. 2, p. 419.