Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/382

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les rangs. Ces cris se confondent dans une seule acclamation : « Vive le Roi ! vive Louis XVIII ! » Quand on fait attention au soin que prend Charette de s’en tenir à l’expression de sa proclamation précédente : « souverain légitime », et de s’en référer aux troupes pour la réponse à faire, on peut être sûr que cette prétendue proclamation de Louis XVIII fut exactement le pendant de celle de Carnac.

Tout doute sur ce point, s’il en pouvait subsister, disparaîtrait d’ailleurs devant ce fait que, quelques temps après, Charette lança une nouvelle proclamation où il n’est plus question, en termes réservés, de « l’héritier présomptif », ou du « souverain légitime », mais, en termes clairs et formels, de « l’enfant sauvé du Temple ».

La conduite du chef vendéen, dans toutes ces circonstances, est réglée avec autant de prudence que de fermeté. Aux premières nouvelles faisant présumer l’évasion du jeune roi, il avait — on s’en souvient — envoyé à Paris des officiers de confiance pour s’assurer des faits. Or, l’auteur de l’Histoire secrète du Directoire raconte[1] que, dans les derniers mois de 1795, Richer-Serisy avait « assisté à une fouille nocturne faite au cimetière Sainte-Élisabeth[2], dans le but d’arracher à cette terre obscure un cadavre sacré », en présence de plusieurs témoins, et notamment « de deux Vendéens députés de Charette, qui prétendait qu’on l’avait trompé » ; le narra-

  1. Hist. secrète du Directoire, t. 1er, pp. 187-189.
  2. Le cimetière Sainte-Marguerite est parfois dénommé Sainte-Élisabeth, parce qu’on y faisait les inhumations de la paroisse Sainte-Élisabeth, qui était la paroisse du Temple.