pouvait paraître à la côte que pour tout perdre ou tout sauver. Son retour en Angleterre a décidé de notre sort ; sous peu, il ne me restera plus qu’à périr inutilement pour votre service[1]. »
Est-ce que cela ne sonne pas comme un « Ave Cæsar, morituri te salutant », héroïque de résignation et sublime de défi ?
Le sort de ces royalistes fidèles était en effet irrévocablement fixé. Ils étaient condamnés à périr pour l’honneur du drapeau monarchique, en saluant le prétendant, qui les sacrifiait sans scrupules à son ambition.
Peu de jours après, le comte d’Artois se faisait reconduire en Angleterre, rappelé, — déclarait-il, — par des ordres formels de l’amirauté.
Or, voici ce que rapporte Vauban :
À son retour à Londres, après l’équipée de l’île d’Yeu, lui-même, Vauban, sut par le comte de Voronzow, ambassadeur de Russie, et par le comte de Starenberg, ambassadeur d’Autriche, que :
« Le comte d’Artois ayant sollicité le commandement, et le gouvernement ayant accédé, Monsieur, s’étant trop avancé pour pouvoir reculer, tous les préparatifs étant faits, il s’était embarqué ; mais qu’en partant, déjà fâché de s’être trop prononcé, il avait chargé M. le duc d’Harcourt et lui avait laissé les
- ↑ Les affirmations si positives et si précises de Vauban, déclarant qu’il a tenu et lu en original cette lettre, méritent sans doute plus de créance que les dénégations, probablement officieuses de Le Bouvier.