Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/404

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égaré par une fausse ambition, assez vil pour lui sacrifier ce qu’il a de plus cher.

» Mon cher Canclaux, je vous ai suivi depuis le commencement de la Révolution, j’ai vu les circonstances qui vous ont entraîné, j’ai senti la difficulté de votre position, et je devine vos sentiments et cette contrainte intérieure qui fait gémir mon vertueux ami, du rôle que la nécessité lui a assigné.

» Jugez, par la démarche loyale et franche que je fais aujourd’hui, à quel point je suis sûr de votre honneur et que je ne suis pas de ces hommes dont les apparences décident les jugements et déterminent l’estime. J’attends de vous la même franchise et la même amitié.

» Mon cher Canclaux, vous souffrez de votre position : j’ai les moyens de vous en tirer et des moyens puissants ; fiez-vous à celui qui fut longtemps votre ami, et qui l’est encore. Vous en sortirez avec gloire. Je n’entrerai avec vous dans aucune discussion politique : les faits parlent assez. Voulez-vous être Monck ou Custine, Pichegru ou Canclaux, l’ami de votre Roi, de vos Princes, de tant de malheureuses victimes de la plus atroce des révolutions, ou leur assassin ?

» Je sais qu’il n’est point de moyen de vous séduire, et il est au-dessous de moi de chercher à séduire personne, mais il en est de seconder les desseins généreux que votre cœur, qui m’est connu, n’a pas manqué de former : et c’est moi que le ciel vous envoie pour cela.

» Si Madame de Canclaux vivait, si la mère de votre fille, cette femme que vous idolâtriez et sur la-