Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/44

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royaliste, l’entente nécessaire ne pouvait exister. La jalousie et l’ambition de n’avoir pas à partager la gloire et la récompense d’un succès y étaient, hélas, un obstacle naturel ; mais il y en avait un autre, que la vertu la plus pure n’aurait pu supprimer : la grandeur des difficultés et des périls à éviter, la gravité des conséquences à prévoir en cas d’insuccès, motivaient, imposaient la défiance des indiscrétions, des maladresses, des fausses démarches.

D’un côté, on comptait, à prix d’argent, ou par l’amorce de calculs à longue portée, sur la connivence des personnalités les plus influentes des Comités, pour pratiquer une substitution et une évasion occulte ; de l’autre, sur la foi d’avances plus ou moins sérieuses et sincères, on se lançait dans ce projet hardi et grandiose d’obtenir des Comités mêmes une délivrance publique, qui serait le signal d’une restauration officielle.

Le comte de Frotté était, sinon l’auteur, du moins l’agent principal de la première combinaison[1]. Il

  1. Le rôle de Frotté dans l’œuvre de l’évasion est affirmé par une quantité de témoignages des plus graves. On a voulu le contester en produisant une lettre de lui à une anglaise, Mme Atkins, où il parle du projet comme irréalisable. Cette lettre est bien, dans tous les cas, une preuve que ce projet l’occupait, ainsi que sa correspondante ; mais, en raison de la date (14 mars) et des circonstances dans lesquelles elle fut écrite, elle ne prouve nullement que ce projet ait été abandonné définitivement (voir plus loin, chap. 8). — La participation de Joséphine est établie par des témoignages plus graves encore et par des aveux de divers membres de la famille des Napoléon, notamment par une confidence que rapporte le comte d’Huisson et que le baron de Billing a certifié par lettre avoir été faite à ses deux sœurs par l’ex-impératrice Eugénie. — Quant à Barras, la part qu’il a prise à cette affaire est également certifiée par des témoins qui en ont