Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/43

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L’intérêt de cette lutte sourde se trouvait, dans les derniers mois de 94, concentré sur la question du roi prisonnier. Louis XVII vivait encore, en dépit des pronostics de l’homme qui avait hâte de s’appeler Louis XVIII. Il y avait même des gens assez mal avisés pour s’occuper de l’arracher à sa prison, de le soustraire aux conditions dans lesquelles l’oracle favorable à « l’utilité de l’État » avait les meilleures chances de s’accomplir. Il était arrivé un fait inattendu : que l’entreprise de cette délivrance avait tenté en même temps le dévouement de royalistes fidèles et l’intérêt de politiques habiles à en calculer le bénéfice. Il s’était formé des combinaisons, il s’était établi des intelligences, il s’était noué des alliances bizarres entre soldats de la cause royale et représentants et fonctionnaires républicains ; des espèces d’associations s’étaient constituées qui travaillaient simultanément dans le même but, d’après des mobiles, dans des vues et par des moyens divers, tantôt s’ignorant, tantôt se rencontrant et se contrecarrant dans leurs démarches.

Quand le temps, ce grand révélateur, aura fait son œuvre, les détails de cette compétition de dévouements, de cette lutte d’intrigues, fourniront un des chapitres les plus intéressants de l’histoire de cette époque, et feront comprendre bien des faits inexpliqués. Ce qu’on en sait dès à présent tiendrait trop de place dans le cadre spécial de la présente étude. Il faut pourtant signaler deux combinaisons poursuivies concurremment et conduites d’après un plan différent. C’était encore un malheur des temps, qu’entre ceux même qui restaient également fidèles à la droite ligne