Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/53

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voulu chercher son salut hors des frontières : il n’avait pas renoncé à la lutte sur le territoire. De forêt en forêt, il avait gagné la Bretagne, décidé à ressaisir et à réunir les éléments qu’il y savait préparés pour faire la guerre à la République. Il s’y employa avec assez d’activité pour se croire en mesure, lorsque la grande armée catholique et royale des Vendéens prit Laval et Fougères, de leur offrir un renfort de 40.000 Bretons. On a dit que les chefs de la Vendée l’avaient tenu en suspicion, comme constitutionnel, comme girondin, comme non-émigré ; il est difficile de croire que ces titres eussent suffi à les mettre en défiance, car ce qui était une mauvaise note à la cour des princes et au camp de Condé n’entraînait pas nécessairement disqualification aux camps vendéens. On a dit aussi qu’ils avaient conçu des doutes sur la loyauté de ses intentions, quant au rétablissement du culte catholique et de la monarchie légitime ; rien dans sa conduite antérieure ne paraît avoir pu justifier ces doutes ; mais il est certain que, dès cette époque, il avait des ennemis, — notamment l’évêque de Saint-Pol, Mgr de La Marche, — acharnés à les susciter et à les propager contre lui. Le fait est qu’on ne se montra pas disposé à accepter ses offres, peut-être tout simplement parce qu’on craignit le danger de modifier le plan, déjà hasardeux, de la campagne, en vue d’un concours dont l’importance et la disponibilité immédiate paraissaient incertaines.

Ni ce refus, ni l’échec de l’armée vendéenne n’avaient découragé Puisaye. Poursuivant sa tâche avec une résolution froide et imperturbable, il avait même su tirer parti du désastre. La déroute du Mans lui