Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/58

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L’analyse sérieuse de cette affaire de Quiberon démontre même que l’entreprise de Puisaye avait des bases beaucoup plus solides et plus profondes ; qu’elle trouvait de puissants appuis dans le gouvernement et que cette force de la combinaison était devenue apparente presque aux yeux de tous.

On ne saurait expliquer autrement ce mouvement extraordinaire de l’opinion, qui, dès le début, ou pour mieux dire, dès l’annonce de l’expédition, était constaté dans les rapports officiels ; « le parti royaliste faisant chaque jour de nouveaux prosélytes » ; — « les soldats républicains abandonnant leur drapeau pour suivre celui des rebelles et beaucoup d’habitants qui jusque-là avaient semblé dévoués à la République n’ayant pas honte de se montrer ouvertement ses ennemis » ; — « l’insurrection se propageant de département en département et menaçant de s’agrandir de façon inquiétante[1] ».

Il avait fallu une force plus puissante qu’une impulsion morale ; il avait fallu l’accumulation de probabilités équivalant à une certitude, pour produire cette irruption soudaine et irrésistible d’un courant qui rompait toutes les digues, qui entraînait tout ; pour donner tout à coup du courage aux timides, de la confiance aux hésitants, de l’ardeur aux tièdes et aux prudents, de la crainte aux irréconciliables ; pour déterminer les habitants de toute une province à se jeter

    une communication, venant d’une source très sûre, relativement à l’existence de preuves positives et authentiques, qu’il n’est malheureusement pas permis de produire encore, mais qui le seront un jour.

  1. Rapports de l’État-Major (9 avril, 4 mai 95).