Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/63

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« Les écrivains royalistes, — constate-t-il, — montrent très bien son grand danger (c’est de Hoche qu’il parle). Il était réellement assis sur un volcan. Et le pis, sur un volcan obscur qu’on ne pouvait calculer. Même les villes ne tenaient à rien. D’Auray tout fuit vers Lorient. D’autres vers Rennes. Vannes est tout royaliste. Ce fut comme une traînée de poudre. À Caen, à Rouen, on crie « Vive le Roi ! ». La Loire éclate. La grande Nantes est bloquée. Saint-Malo, minée en dessous, attendait une flotte anglaise, déjà près de Cherbourg, flotte chargée d’officiers, qui, descendus, auraient agi en cadence avec ceux de Carnac, et tous ensemble auraient entraîné les Chouans vers Rennes, vers Vannes, et qui sait ? vers Paris…[1] »


Ainsi, entre tous ceux qui ont eu des renseignements directs sur cette affaire de Quiberon ou qui l’ont étudiée sérieusement, pas de désaccord sur ce point, que le but de l’expédition pouvait être rempli. Quant à la question de savoir pourquoi tout a marché à rebours, pourquoi le mouvement en avant convenu n’a pas été exécuté, pourquoi les concours promis ont manqué, pourquoi le soulèvement général, si fortement prononcé, a été comprimé, pourquoi le fonctionnement de la machine si vigoureusement lancée a cessé brusquement, comme par la rupture subite d’un rouage essentiel ; les uns n’en ont donné que des explications manifestement inexactes ou incomplètes ; les autres ont semblé renoncer à l’expliquer. C’est pourtant là qu’est l’intérêt réel de cette affaire.


  1. Histoire de la Révolution, p. 1973.