Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/62

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Certes, le projet était grandiose ; mais était-il réalisable ? L’opinion de cet écrivain royaliste peut sembler suspecte. Voici ce qu’en pensent d’autres écrivains :


« Sans cet abandon de l’Angleterre — dit Beauchamp, — l’armée des émigrés aurait pu remplir le but de son expédition ; la présence d’un prince de la maison de Bourbon aurait porté l’insurrection des campagnes au plus haut période et déterminé celle des villes[1]. »

« Si on n’eut pas tant menti sur les Chouans et sur la Vendée, — écrit Danican, — l’ordre serait rétabli en France ; on trouvera difficilement une occasion aussi avantageuse que celle qu’on a manquée à Quiberon… Tout semblait se réunir pour assurer des succès aux royalistes. Et si, à cette époque, ils eussent remporté un succès éclatant, ils entraînaient toute la France dans leur parti[2]. »


C’est encore Michelet qui donne la note la plus vigoureuse et la plus juste :

    Paris, Michaud, 1839, pp. 118-120.) — L’auteur ne paraît pas avoir soupçonné les raisons véritables qui portaient, à cette époque, une fraction considérable du parti royaliste à agir en dehors de la direction du Régent ; il constate le fait : il faut en prendre acte.

  1. Histoire de la Vendée et des Chouans, édition 1807, t. III, p. 238. Beauchamp n’a pu croire que l’échec de l’expédition ait été dû à l’abandon de l’Angleterre, car on verra que l’Angleterre n’a rien abandonné. Cette préoccupation de dissimuler la véritable cause du désastre donne la plus grande valeur à l’aveu que le but de l’expédition aurait pu être rempli. Telle fut sans doute l’appréciation de Louis XVIII, car Beauchamp, devenu son historiographe, a eu la complaisance de déclarer, dans son édition de 1820, que le but de l’expédition n’aurait pu être rempli.
  2. Danican, Les Brigands démasqués, p. 191.