Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/66

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Ce choix mérite attention.

Il faut ici toucher à une légende. Les dévots de la tradition républicaine sont avertis et pourront fermer les yeux, s’ils ne veulent rien apercevoir qui puisse les scandaliser et troubler la quiétude béate de leur vénération pour un des saints de leur église. Ceux qui, moins asservis aux préjugés, sont capables de supporter l’éclat de la pleine lumière, ne trouveront peut-être pas que la figure du héros, mise dans un jour plus franc, présente un relief moins intéressant.

L’armée de la République n’était pas, — il s’en faut de beaucoup, — une armée très républicaine. On est bien obligé de s’en rapporter à l’opinion de deux de ses chefs, qui n’étaient certes pas des imbéciles et qui devaient la bien connaître, Dumouriez et Pichegru. Le premier, il est vrai, n’a pas réussi, dans les circonstances que l’on sait, à entraîner ses troupes contre la Convention (avril 93) ; le second n’a pas osé, ou n’a pas voulu, au dernier moment, en tenter l’aventure, mars 96. Mais il est bien évident que ni l’un ni l’autre n’auraient seulement songé à le faire, s’ils avaient eu à compter avec un sentiment général de républicanisme solide[1]. À l’époque précisément des événements de Quiberon, la commission de police prenait des mesures pour surveiller les dispositions des troupes de ligne, qui lui étaient signalées comme « n’aimant pas le gouvernement républicain[2] ». Lors-

  1. On ne peut oublier qu’en avril 93, les troupes de Dumouriez lui remirent des adresses contenant le vœu de marcher sur Paris pour rétablir le Roi et la Constitution de 1789 (voir ses Mémoires, t. 2, p. 184).
  2. Voir Rapport de police, Append. n° 2.