Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/67

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que Bonaparte, un peu plus tard, vînt prendre le commandement de l’armée d’Italie, il constata qu’elle était animée d’un esprit très peu républicain ; il y trouva même, — a-t-il affirmé, — une compagnie qui sans craindre le haro, s’était donné le nom de compagnie du Dauphin[1]. Cet esprit persista jusqu’au jour où la République parut s’incarner dans la personne d’un consul victorieux. La duchesse d’Abrantès est un témoin qui, sur ce point, ne saurait être suspect, ni d’avoir pu se tromper, ni d’avoir voulu tromper ; voici ce qu’elle écrit : « Il est vrai que Napoléon trouva encore des républicains dans l’armée à son retour d’Égypte. Mais il n’est pas vrai qu’il trouva l’armée toute républicaine… » Et pour prouver son dire, en parlant seulement des généraux, elle désigne comme engagés dans des combinaisons royalistes, Joubert, Pichegru, Moreau, Dessoles… « Carnot même, — ajoute-t-elle, — comme bien d’autres que je pourrais nommer[2] ». Elle en nomme en effet bien d’autres en divers passages de ses Mémoires ; elle aurait pu, — on le sait aujourd’hui, — nommer à peu près tous ceux qui jouèrent successivement un rôle militaire de quelque importance. Il n’en reste guère que deux, — ceux auxquels la mort a fait une courte carrière, — Marceau

  1. « Le général en chef écrit, le 8 avril 1796 (dix mois après la prétendue mort du Dauphin), au Directoire : « J’ai trouvé cette armée non seulement dénuée de tout, mais sans discipline, dans une insubordination perpétuelle. Le mécontentement était tel que les malveillants s’en étaient emparés : l’on avait formé une compagnie du Dauphin, et l’on chantait des chansons contre-révolutionnaires. » (Laurent de l’Ardèche, Histoire de l’empereur Napoléon, p. 45.)
  2. Mém. sur la Restauration, t. I, p. 17.