Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/69

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se lança dans ce courant, sans se laisser cependant entraîner aux excès. On voit même qu’il n’a jamais abdiqué les sentiments de loyalisme dynastique, qui étaient si profondément enracinés au cœur de la plupart des Français. Il fut, aux journées d’octobre, un des braves qui défendirent énergiquement l’appartement de la reine contre les assassins envoyés pour la massacrer ; dix-huit mois plus tard, il contresigne, comme en ayant été le promoteur évidemment, un arrêté des grenadiers de sa division, prononçant l’exclusion d’un des leurs, coupable d’avoir refusé de présenter les armes, lorsque Louis XVI reçut la communion pascale des mains d’un prélat insermenté et d’avoir apporté à la caserne des « libellés dégoûtants[1] ».

Hoche était un des plus beaux sergents de l’armée. On raconte qu’une duchesse, un jour de revue, l’avait montré en disant : « Quel beau général ferait ce jeune homme. » Grand, très bien fait, de tournure élégante, il portait dans sa physionomie et dans son attitude, ces signes indéfinissables qui semblent marquer un homme pour de hautes destinées ; il avait l’air de « quelqu’un qui doit commander aux autres ». La conscience qu’il avait de sa valeur, le sentiment de sa vocation, lui firent prendre la peine de se donner lui-même l’instruction qui lui manquait.

L’émigration, les épurations multipliées par la défiance jacobine, déblayaient incessamment les échelons de la hiérarchie militaire. Hoche mérita d’être

    révolutionnaire l’élite des sous-officiers, ont le plus contribué à la perte du malheureux Louis XVI.

  1. Voir Appendice, n° 3.