Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/79

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Jaunaye, car Hoche fut certainement, avec Joséphine et Frotté, un des principaux collaborateurs à l’entreprise de l’évasion. Ce fait, qu’il est impossible de traiter ici, a été mis hors de doute dans des ouvrages historiques spéciaux[1].

Quoi qu’il en soit, si l’on veut s’en tenir à ce qui est indiscutablement acquis à l’histoire, il faut constater que Hoche avait été déjà accusé de tendances réactionnaires. Les conditions dans lesquelles il sortait de la prison des Carmes n’étaient pas de nature à faire croire que son républicanisme s’y fut fortifié. Le 9 thermidor avait déterminé une crise de « modération » ; il était tout naturel que Hoche en bénéficiât comme beaucoup d’autres ; il l’était moins qu’il fut désigné précisément pour un commandement dans l’Ouest. Dans l’état présent, il semble qu’un gouvernement sérieusement préoccupé de réfréner le mouvement qui se dessinait si fort dans le sens monarchique, devait faire tout autre choix que celui de ce jeune général, pour un poste où ses amitiés nouvelles l’exposeraient à des tentations, ou tout au moins à des embarras dangereux.

Un seul choix singulier ne prouverait rien ; mais si l’on constate que tous les choix faits à ce moment sont dans le même sens, il faut bien conclure, ou à l’incapacité complète des gouvernants se laissant dominer par une coterie royaliste, ou à un calcul raisonné de ces mêmes gouvernants suivant un plan secret de restauration.

  1. Voir Le Dernier Roi légitime de France, par M. Henri Provins. Voir aussi Louis XVII et le secret de la Révolution. Dujarric, éditeur.