Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/150

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Moi, je ne sais pas son nom (8).

Pour lui donner un titre, je l’appelle Voie (Tao).

En m’efforçant de lui faire un nom, je l’appelle grand (9).

De grand, je l’appelle fugace (10).

De fugace, je l’appelle éloigné (11).

D’éloigné, je l’appelle (l’être) qui revient (12).

C’est pourquoi le Tao est grand, le ciel est grand, la terre est grande, le roi aussi est grand (13).

Dans le monde, il y a quatre grandes choses, et le roi en est une (14).

L’homme (15) imite la terre ; la terre imite le ciel (16) ; le ciel imite le Tao ; le Tao imite sa nature.


NOTES.


(1) Le mot un est emprunté aux commentaires C et H (yeou-i-we 有一物 « existit unum ens ») ; il détermine le sens et la construction de ce passage difficile qui a embarrassé la plupart des interprètes.

B : Les mots hoen-tchhing 混成 ont le sens de hoen-lun 渾淪, c’est-à-dire « confus, ce qu’il est impossible de distinguer clairement. » Ibidem : Si par hasard on m’interroge sur cet être (le Tao), je répondrai : Il n’a ni commencement, ni fin (littéralement : neque caput neque caudam habet), il ne se modifie point, il ne change point ; il n’a pas de corps, il n’a pas une place déterminée ; il ne connaît ni le superflu, ni la pénurie, la diminution ni l’accroissement ; il ne s’éteint pas, il ne naît pas ; il n’est ni jaune ni rouge, ni blanc ni bleu ; il n’a ni intérieur ni extérieur, ni son ni odeur, ni bas ni haut, ni image ni éclat, etc.


(2) C : Il n’a pas de voix qu’on puisse entendre.