Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/318

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celui qui se retire, ne songe pas à combattre. Si un homme songe à ne pas combattre, quoiqu’il marche parmi les soldats, il est comme s’il n’était pas dans les rangs ; quoiqu’il ait des bras, il est comme s’il n’en avait pas à étendre ; quoiqu’il ait une arme, il est comme s’il n’en avait pas à saisir ; quoiqu’il ait des ennemis devant lui, il est comme s’il n’en avait pas à poursuivre.

E : Lao-tseu veut dire que si un guerrier peut agir ainsi, quoiqu’il combatte, il sera comme s’il ne combattait pas ; mot à mot, en latin : « Si ille qui armis utitur, revera hoc modo (agere) possit, quamvis utatur armis, (erit) quasi non uteretur (armis).


(5) E : Le mot ngaï veut dire ici thse « affection (pour les hommes). » Le Saint, dit Sou-tseu-yeou, regarde l’affection (pour les hommes) comme un trésor. Si l’on combat à la légère, c’est qu’on aime à combattre. Aimer à combattre, c’est se plaire à tuer les hommes. Par là, nous perdons presque les sentiments d’affection, d’humanité que nous devrions conserver comme un trésor.


(6) H : L’expression hang-ping 抗兵 désigne « deux armées d’égale force, dont l’une ne l’emporte pas sur l’autre, de manière que la victoire reste indécise. »

E : J’éprouve un sentiment de compassion qui m’empêche de tuer les hommes. Dès que ce sentiment de compassion s’est manifesté, le ciel et les hommes me prêtent leur secours ; quand je voudrais ne pas vaincre, je ne pourrais faire autrement.