Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/39

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de sa naissance, il reçut une pénétration divine et fut doué d’une intuition profonde. La vie dont le ciel l’anima ne ressemblait point à celle des hommes ordinaires ; il était destiné à devenir le maître et le propagateur du Tao : c’est pourquoi il put être protégé par les esprits du ciel et commander à la multitude des immortels. Il composa neuf cent trente livres pour enseigner à vivre dans le siècle. Il y traite des neuf ambroisies, des huit pierres merveilleuses, du vin d’or, du suc de jade, des moyens de garder la pureté primitive, de conserver l’unité, de méditer sur la spiritualité, de ménager sa force vitale, d’épurer son corps, de dissiper les calamités, d’expulser tous les maux, de dompter les démons, de nourrir sa nature, de s’abstenir de nourriture, de se transformer, de vaincre par la force de la magie, et de soumettre à sa volonté les esprits malfaisants. Il écrivit encore soixante et dix livres sur les talismans. On possède un catalogue exact de tous ses ouvrages. Ceux qui ne sont point compris dans ce nombre ont été secrètement ajoutés par des Tao-sse des siècles suivants. Ils ne doivent pas être mis au même rang que les écrits authentiques de notre philosophe.

Lao-tseu était calme, tranquille et exempt de désirs ; il s’appliquait à acquérir l’immortalité : c’est pourquoi, bien qu’il ait vécu sous la dynastie des Tcheou, il ne changea ni de nom, ni de fonctions. Il voulait (comme il le dit dans son ouvrage) « tempérer l’éclat (de sa (vertu), s’assimiler au vulgaire, remplir son intérieur, suivre sa nature et se retirer à l’écart après avoir acquis la perfection du Tao. » D’où il résulte que c’était un immortel. Confucius alla le consulter sur les rites. Il envoya devant lui son disciple Tseu-kong. Lao-tseu lui dit : « Votre maître s’appelle Khieou (prononcez Meou) ; quand il m’aura suivi pendant trois ans, je pourrai ensuite l’instruire. »

Confucius s’étant présenté devant Lao-tsea, le philosophe lui dit : « Un habile marchand cache avec soin ses richesses, afin de paraître vide de tout bien ; un sage d’une vertu accomplie doit paraître ignorant et stupide. Renoncez à l’orgueil et à la multitude de vos désirs ; « dégagez-vous des vues ambitieuses qui vous occupent : tout cela ne peut vous servir de rien. » Comme Confucius était occupé à lire,