Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le cinquième mois de la treizième année de l’empereur Tchao-wang (1052 à 1002 avant J. C), il monta sur un char traîné par un buffle noir, ayant pour cocher Siu-kia, et voulut sortir, à l’ouest, par le passage de Han-kou. Yn-hi, gardien de ce passage, sachant que c’était un homme extraordinaire, le suiyit et l’interrogea sur le Tao.

Lao-tseu changea plusieurs fois de nom. Tous les hommes, disent quelques livres des Tao-sse, se trouvent souvent dans des circonstances périlleuses. Si alors le sage change de nom, pour se conformer aux changements qui arrivent dans la nature, il peut échapper aux dangers et prolonger sa vie. Beaucoup d’hommes de notre temps qui possèdent le Tao se soumettent aussi à cette nécessité. Lao-tseu vécut trois cents ans sous la dynastie des Tcheou ; dans ce long espace de temps, il a dû se trouver plus d’une fois exposé au danger : c’est pour cela qu’il changea souvent de nom. Pour avoir une idée exacte de toutes les circonstances de la vie de Lao-tseu, il faut s’appuyer sur les récits des historiens, et les comparer aux textes mystérieux que renferment les livres qui traitent des immortels. Quant aux opinions du vulgaire, elles sont, en général, empreintes de fiction et de fausseté. Je vois dans tous les livres des Tao-sse, dit Ko-hong, que Lao-tseu avait le teint d’un blanc tirant sur le jaune, de beaux sourcils, de longues oreilles, de grands yeux, des dents écartées, une bouche carrée (sic) et des lèvres épaisses. Son front était traversé par de grandes raies ; le sommet de sa tête offrait une saillie prononcée ; son nez était soutenu par une double arcade osseuse ; ses oreilles avaient chacune trois ouvertures ; ses pieds, chacun dix doigts ; ses mains, chacune dix lignes. On dit qu’il fut gardien des archives sous l’empereur Wen-wang, de la dynastie des Tcheou ; du temps de Wou-wang, il eut la charge de Tchou-hia-sse[1]. Les hommes du siècle, voyant qu’il avait joui d’une grande longévité, l’appelèrent Lao-tseu[2]. Dès le moment 1 Suivant l’édition H, ce titre était le même que celui de gardien des archives. 1 On a vu, plus haut, le mot Lao-tseu traduit par le vieil enfant ; on pourrait dire ici le vieux docteur, parce que le mot tseu (vulgo fils) se prend quelquefois pour docteur, comme lorsqu’on dit Lie-tseu (le docteur ou le philosophe Lie), Kouan-tseu, Sun-tseu, etc.

  1. Suivant l’édition H, ce titre était le même que celui de gardien des archives.
  2. On a vu, plus haut, le mot Lao-tseu traduit par le vieil enfant ; on pourrait dire ici le vieux docteur, parce que le mot tseu (vulgo fils) se prend quelquefois pour docteur, comme lorsqu’on dit Lie-tseu (le docteur ou le philosophe Lie), Kouan-tseu, Sun-tseu, etc.