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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/123

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SAINT-OLAF.

En France, au contraire, dans toutes les classes, les parents prennent un intérêt passionné aux études de leurs enfants. Ils n’épargnent rien pour les faciliter. Ils se plaisent eux-mêmes à les instruire, les bourrent de connaissances et souvent, inconsciemment, aident au surmenage de leurs cerveaux. Leur succès devient une question d’amour-propre personnel. Le père aura de la peine à pardonner un échec au baccalauréat. Beaucoup de mères assistent aux cours de leurs filles, travaillent avec leurs garçons. La femme du peuple, de la petite bourgeoisie, veille à ce que ses enfants sachent leurs leçons. Il faut qu’elle voie de temps à autre une croix ou une médaille sur le tablier noir de l’écolier. Le dimanche, l’ouvrier promène ses gosses à travers les musées et, guidé par une intuition divine, il s’arrête aux bons endroits, je l’ai souvent remarqué.

Dans la ruche française, le travail intellectuel est intense. Si notre éducation première nous fait un mauvais départ, nous rattrapons bien le temps perdu. Dieu et nous savons seuls au prix de quels efforts.

Et je vois… Les Anglais sont le nombre, les Français, la qualité. Ce n’est peut-être pas modeste à moi d’écrire cela, mais nos voisins, je gage, ne voudraient pas changer de destinée. C’est au moyen de ces deux forces que la nature travaille à notre progrès mutuel et au progrès universel. Elle tend même sensiblement à les amalgamer. Pour produire quoi ? C’est le cas de dire : qui vivra verra.