Page:Laperche - Noblesse americaine.djvu/13

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Pour se faire admettre parmi l’élite de son pays, le nouveau riche donne des fêtes extraordinaires, dépense des sommes folles en présents, emploie des stratagèmes qui fourniraient à la comédie des scènes amusantes.

Cependant la poussée des nouvelles couches autour de la « Société » devient formidable ; car en Amérique, l’émulation est ardente. C’est le moteur dont la Providence se sert pour lui imprimer cette activité qui nous émerveille et nous effraie. L’enfant veut avoir plus de jouets que ses camarades, la femme plus de luxe que ses amies, l’homme plus de dollars que ses collègues. Avoir plus ! Sous cet aiguillon, que chacun porte en soi, le Monde Nouveau va, va… où va-t-il ? Si, comme dit l’Ecclésiaste : « tout ce qui a été, c’est ce qui sera » l’Amérique passera par les mêmes épreuves que nous, probablement moins longues, pour nous rejoindre dans notre évolution. Lorsqu’elle sera couverte de cités, qu’elle regorgera d’hommes et d’argent, un Napoléon lui naîtra qui la conduira à la conquête du Brésil, du Mexique, et réunira tout le continent sous son sceptre. Elle aura de la gloire militaire, des honneurs, des distinctions, tous les hochets que nous possédons. Après ce mouvement de recul qui semble nécessaire, elle secouera le joug et s’élancera purifiée, perfectionnée, à la conquête de la vie par la science, le dévouement et l’amour.

Aux États-Unis, l’œuvre de l’homme est plus remarquable que l’homme lui-même. Mais la femme est intéressante, d’autant plus qu’elle est la résultante d’idées, de mœurs, de principes différents des nôtres.